jeudi 14 juillet 2011

Petite histoire de la Clark Desert Boot


Il était temps de rendre hommage à l'homme qui a créé les chaussures que je porte 4 jours sur 7 depuis presque 2 ans, Nathan Clark, né le 16 juillet 1916 et décédé le 23 juin dernier, et qui avait créé en 1947 la Desert Boot, devenue un classique du vestiaire masculin.

Resituons-nous dans l'Histoire. Nathan Clark est le petit-fils de James Clark, qui avec son frère Cyrus, fonda en 1820 l'entreprise familiale Clark spécialisé dans la fabrication de chaussons à partir des peaux de mouton locales. Passionné par la cordonnerie depuis son jeune âge, curieux et inventif, Nathan Clark a déjà l'objectif de créer la chaussure la plus simple, la plus esthétique et la plus confortable. Après des études dans la très stricte Odenwaldschule en Allemagne et au Queen's College à Oxford, il se destine à rejoindre l'entreprise familiale.

Mais en 1937, il se porte volontaire pour conduire une ambulance lors de la Guerre Civile Espagnole pendant deux ans puis rejoint la Royal Army Service Corps pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est envoyé en Birmanie en 1941 pour aider à l'approvisionnement des forces nationalistes chinoises via la route de Birmanie. Nathan Clark remarque alors que les agents de l'armée birmane portent des bottines en daim à semelle en crêpe épaisse et rugueuse et au laçage minime. Ces bottines, en plus d'être légères et confortables, s'avèrent être résistantes et durables. Il apprend que les modèles originaux ont été commandé à des cordonniers du souk Khan el-Kalili au Caire et sont inspirés des chaussures hollandaises Voortrekker portées par l'armée sud-africaine.

De retour à Somerset, fief de l'entreprise, en Angleterre, en 1947, Clark et son pattern-cutter Bill Tuxhill recréent le patron de la fameuse chaussure avec seulement deux pièces en daim assemblées sur une semelle en crêpe. La Desert Boot est née. Nathan Clark part les vendre à la foire de Chicago où elles ont un succès fou. Les Américains aiment leur britishness, leur simplicité (pas besoin de polissage) et leur prix bon marché. Après un éditorial du magazine Esquire en leur honneur, les Desert Boots conquièrent les marchés européens avec le même succès et deviennent vite une partie de l'uniforme des jeunes hommes des années 50 et 60, au même titre que le Levi's 501, le polo Fred Perry ou le blouson Harrington G9. Les étudiants de Princeton en ont fait une marque de reconnaissance. Bob Dylan, les Beatles et même le king of cool, Steve McQueen ne s’en séparait jamais et les portait aussi bien dans la vie au volant de sa Ferrari Lusso qu'à l'écran (comme ici, dans La Grande Evasion).


Il est vrai que, d'un design classique, la Desert Boot peut être porté avec presque n'importe quelle tenue, et même avec un costume, lui donnant un aspect moins formel, plus casual. Le leader adjoint de la Chambre des Lords, Lord Shackleton ira même jusqu'à les porter en 1967 lors de l'une de ses visites officielles. Séduisant à la fois les Lords et la jeunesse ouvrière, à l’aise sur tous les terrains, dans les usines, dans les amphis, dans les manifs de mai 68, au Drugstore St-Germain ou sur un voilier au large de la Nouvelle Angleterre, voilà peut-être le secret de son succès.

Et si sa silhouette n'a pas changé depuis 65 ans, la Desert Boot s'est quand même améliorée avec le temps, bénéficiant des évolutions de la vulcanisation de la semelle, la rendant plus résistante et moins glissante sur les surfaces humides (gros point faible de la Clarks). Malheureusement, sa production a fait les frais de la mondialisation et est maintenant délocalisée au Vietnam. Elle n'en reste pas moins un indispensable de la garde-robe masculine, qui donnera de l'allure à votre démarche.

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