lundi 8 octobre 2012

Petite histoire du pull marin Saint-James



C'était toujours plus tard qu'on ne pensait. Septembre est passé si vite, plein de contraintes de rentrée. En retrouvant la pluie, on se disait "Voilà l'automne"; on acceptait que tout ne soit plus qu'une parenthèse avant l'hiver. Mais quelque part, sans trop se l'avouer, on attendait quelque chose. Octobre. Les vraies nuits de gel, dans la journée le ciel bleu sur les premières feuilles jaunes. Octobre, ce vin chaud, cette mollesse douce de la lumière, quand le soleil n'est bon qu'à quatre heures, l'après-midi, que tout prend la douceur oblongue des poires tombées de l'espalier. Alors il faut un nouveau pull. Philippe Delerm, La Première Gorgée de Bière


Durant le Moyen-Age, les rayures étaient associées aux catégories les plus en marge de la société comme les prostituées, les serfs, les lépreux ou les condamnés. Cette association est tellement entrée dans les esprits que même les personnages bibliques tels que Judas ou Lucifer étaient représentés avec des rayures, et a même perduré jusqu'au 19ème siècle où les prisonniers portaient des vêtements à rayures. Si le pull marin est également rayé, il évoque beaucoup plus l'évasion que l'incarcération. Les tricots Saint-James (prononcé sans le "s" s'il vous plait) sont une institution, que dis-je, un monument du Made In France, tant loué de nos politiciens de tout bords. La marinière ou le chandail Saint-James est un classique que chacun, homme ou femme, se doit d'avoir dans sa penderie.

Ville fortifiée de 3000 âmes batie au 11ème siècle par Guillaume Le Conquérant, Saint-James se situe entre la péninsule bretonne et la Basse-Normandie, à 20 kilomètres du Mont-Saint-Michel, que l'on retrouve sur le logo de la compagnie. Vers 1850, Léon Legallois, maire de Saint-James, crée une échoppe où femmes de marins et de pêcheurs viennent acheter le fil sous forme d'écheveaux et de pelotes nécessaire à la confection du pull marin. Le village est en effet, comme les hameaux aux alentours, spécialisé dans l'élevage de moutons et dans le traitement et le tissage de la laine. Les premiers produits finis Saint-James sont d'abord des sous-vêtements et des chaussettes, revendus à des bonneteries. Ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle que Saint-James commence à produire des vêtements. Des chemises de laine pour marin que l'on peut considérer comme l'ancêtre du pull marin. Ce dernier est fabriqué à partir d'une laine brute de mouton non lavée, servant à isoler du vent et du froid. La chemise de laine est longue et couvre le buste et une partie des jambes, comme une chemise de nuit. Le vêtement est adopté par les pêcheurs de Cancale, Granville et Saint-Malo qui pêchaient la morue à Terre-Neuve. Lorsque la pêche n'était pas fructueuse, certains pêcheurs commerçaient avec l'Angleterre pour y vendre de l'ail ou des oignons. La légende raconte que ces marins étaient appelé "marchands d'ail", d'où l'expression "chandail" en référence à leur tenue si caractéristique. Et qué s'apelerio Quézac 

Le chandail évolue au fil des années. D'abord en drap de laine, les tricots sont réalisés en mailles très serrées, toujours gardées secrètes, conférant au vêtement chaleur et imperméabilité, de quoi se protéger du vent et du froid en haute mer. Le chandail se fait, par la suite, plus court et se porte cintré, comme une seconde peau face aux éléments qui se déchaînent en mer. Le boutonnage sur le côté apparaît afin d'enfiler plus facilement le pull.


La Marine Française devient le principal client de Saint-James. Selon la légende (oui encore), c'est un ingénieur de la Marine de la fin du 19ème siècle qui passa commande des premiers pulls à rayures afin de distinguer les matelots des officiers, qui portaient des pulls couleur unie. En outre, il était semble-t-il plus facile de repérer un homme portant des rayures tombé en mer.

La marque se tourne vers le grand public à partir des années 70. Le pull marin est adopté par les plaisanciers et les touristes, mais également par les grands navigateurs qui deviennent les ambassadeurs des Tricots Saint-James à travers le monde. Le développement de l'entreprise se poursuit dans les années 90. La production reste française (contrairement à la plupart des produits Armor Lux). La superficie des ateliers passe de 6500 à 11000 mètres carré entre 1994 et 2001, le nombre d'employés passe quant à lui de 180 à 320. Comme quoi, le textile français est encore un secteur viable si le savoir-faire français est exploité et valorisé, sans compromis avec la qualité. La fabrication du pull marin est d'ailleurs extrêmement contrôlée pour satisfaire aux standards de la marque. Le fil, répertorié et identifié, doit satisfaire à une série de test permettant de vérifier sa solidité et sa résistance. Le pull est ensuite tricoté, mécaniquement pour les anciens employés, ou avec des machines électroniques pour les nouveaux employés. Le corps du pull, les manches et le col sont tricotés séparément mais avec un fil issu du même bain. Avant de quitter l'atelier tricotage, les éléments sont stabilisés en dimension par une vaporisation. L'assemblage des éléments peut alors commencer : surjet, piquage, remaillage des cols ou bandes boutonnées  pose des étiquettes et du logo. Chaque étape sera contrôlée. Le repassage du vêtement donnera enfin la touche finale et le gonflant au pull avant d'être mis sous emballage.

les intemporelles equipements actualites  42182 Tricots Saint James, des vêtements made in France, pour les amoureux de la mer.
Etape du gonflant

Si le pull marin reste le produit phare de la marque, Saint-James a su développé une collection généraliste autour de l'univers marin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de la bonne santé de ces marques qui ont su conserver emplois et savoir-faire en France. Acheter un chandail fabriqué en Bretagne n'est pas seulement s'approprier une pièce intemporelle, c'est également un acte militant et responsable. Enjoy !

Marine
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