À Alger c'est toujours l'été
On s'amuse bien sur les trottoirs
On va au marchand d'à côté
Et on achète des olives noires
Il y a les rues il y a le port
En bas c'est la casbah
Les Enfants les Macs les Fathmas
Et la mer Méditerranée

S'il y avait une liste de villes où je ne pensais jamais mettre les pieds, Alger aurait sûrement été en tête de liste. La première raison est sans aucun doute la faute à une image pour le moins old school et tiers-mondiste de la ville dans les médias, héritée de l'amère défaite de la Guerre d'Algérie (guerre où Jean-Marie Le Pen a perdu son oeil et son cerveau par la même occasion). L'image semble loin du glamour des ryads et villas marocaines qui font rêver les français en manque de vacances, et pourtant... Alors Alger, ça vous tente ?

Après avoir annoncer à vos parents que vous partiez en vacances en Algérie (phrase qui leur fera autant d'effet que "Maman je suis séropositif") et essuyer auprès de vos collègues et amis des réactions du type "Mais t'es sûr ?? Alger ??? Mais c'est chaud non ?" (tkt j'ai prévu mon gilet pare-balles), vous êtes enfin prêt à affronter la montagne administrative algérienne pour entrer dans le pays. Assurance, certificat d'hébergement et autres photocopies seront demander pour avoir le visa, que l'on peut pour une raison ou une autre (parfois aucune) ne pas vous délivrer. On pourrait presque croire que vous partez aux Etats-Unis, mais non. Les Algériens appellent ça le principe de réciprocité (la France demande la même chose aux Algériens pour entrer sur le territoire), j'appelle ça être casse-couille (khra !). Une bonne heure d'attente pour vos billets à l'agence Air Couscous à Opéra,à la déco figée dans les années 80, et là VOUS POUVEZ ENFIN FAIRE VOS VALISES ! Vous l'aurez compris, partir en Algérie ne se décide pas sur un coup de tête (d'ailleurs quelle personne normalement constitué a ce genre de coup de tête ?)

En arrivant à l'aéroport, on est tout de suite frappé par la modernité de la ville. On peut remercier les médias français de faire perdurer l'image d'une ville où règne insécurité et pauvreté, une image qui lui colle à la peau depuis les années de terrorisme. Il n'en est rien. Alger est incontestablement plus Paris que Bagdad. Pas de bombes, ni de coups de feu. Pas d'enfants qui courent derrière les voitures, pas de chameaux non plus (dommage pour le dépaysement), mais des infrastructures et un parc automobile aussi récent que le nôtre. Alger semble constamment en effervescence, ses habitants toujours dehors, traversant les autoroutes à pied (normal), se réunissant dehors jusqu'à pas d'heure, sur le trottoir ou dans les cafés.

La ville porte en elle l'héritage de 150 ans de colonisation, des bâtisses coloniales, dignes des plus belles villas de la Côte d'Azur, aux bâtiments haussmanniens se dressant de part et d'autre des avenues tracées par les français. On comprend pourquoi les français n'ont pas voulu lâcher ce bout de Méditerranée. Aucune ville de métropole, mis à part Paris bien sûr, n'a bénéficié d'autant de travaux, d'autant d'investissements qu'Alger. Malheureusement, la ville se dégrade petit à petit et ce ne sont pas les trop peu nombreux chantiers de rénovation qui changeront la donne d'une ville magnifique, mais livrée à elle-même. A la fois bonne vivante et belle au bois dormant, voilà comment je décrirais Alger. Les photos parlent d'elles-même, enjoy !