Prénom : Frank Nom : Ocean. Ocean, comme la veste étendue d'eau qui a envahit sa terre natale, La Nouvelle Orléans, en 2005. Christopher Breaux, de son vrai nom, âgé alors de 18 ans, quitte son université, the University of New Orleans, pour la ville des Anges. California, here we come. De l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique, il n'y a qu'un pas. Et c'est à L.A. que Frank fait deux rencontres déterminantes. Tyler The Creator, d'abord, qui l'invitera à rejoindre son tout jeune collectif Odd Future et Tricky Stewart, le producteur du hit "Umbrella". Ce dernier l'aide à décrocher un contrat avec Def Jam, et compose alors pour Justin Bieber, Beyoncé, Brandy ou John Legend. Pourtant, le label le délaisse et c'est dans ce contexte que Frank Ocean compose sa première mixtape avec Tricky et Midi Mafia, au nom énigmatique Nostalgie, Ultra, qu'il distribue gratuitement via son Tumblr, en écrivant ceci : "i. did. this. not ISLAND DEF JAM. that's why you see no label logo on the artwork that I DID. guess its my fault for trusting my dumbass lawyer and signing my career over to a failing company. fuck Def Jam & any company that goes the length of signing a kid with dreams & talent w/ no intention of following through. fuck em. now back to my day. i want some oatmeal and toast. brunch swag."


Sa mixtape le propulse sur le devant de la scène. Aboutie, presque parfaite, elle réussit à donner un bol d'air frais plus que nécessaire à un R&B sclérosé depuis des années. Tout y est : une atmosphère enivrante, une sensibilité à fleur de peau, une alternance idéale de mid-tempos (Love Crimes, Dust, Novocane) et de slowjams (Strawberry Swing, American Wedding), qui donne un intérêt de premier plan à ce premier essai.

Il n'y a pourtant rien de bien neuf dans Nostagie, Ultra. Comme dans tout album R&B qui se respecte, on y parle de relations amoureuses, de ruptures, de rencontres, de sexe, tout ce qu'il y a de plus classique. Le flow du chanteur n'a rien d'original, s’apparentant à un Jamie Foxx ou à un Usher,  tout comme l'ambiance mélancolique, nostalgique et aérienne de la mixtape, qui n'est pas sans rappeler un certain rappeur-chanteur, Drake pour ne pas le citer. Mais une impression bizarre se ressent à fin de l'écoute, l'impression que l'avenir du R&B est entre les mains de ce jeune chanteur.

Frank Ocean applique juste les recettes qui ont fait le succès des rookies dans le Hip-Hop. Une communication 2.0 bien huilée (Tumblr, Twitter, Facebook), l'ouverture d'esprit qui va avec (Frank pose aussi bien sur du MGMT que sur du Eagles) et une bonne dose d’auto-dérision dans les paroles de ses chansons, et vous obtenez ce qui se fait de plus cool dans le R&B actuellement. On est loin de l'exhibitionniste Trey Songz exhibant ses muscles à tout va, des pas de danse chaloupés d'Usher ou du style un rien too much de Breezy, qui ont ringardisé le R&B ces dernières années. Frank fait dans la simplicité, ce qui rend son univers encore plus sophistiqué.

Tout s'accélère pour le chanteur depuis quelques mois : un clip avec son pote Tyler pour la chanson She, une tournée avec les autres membres du collectif OFWGKTA, la sortie du single Novocane, et une future collaboration avec Kanye West et Jay-Z pour le projet Watch The Throne. Sa mixtape sera même réédité le mois prochain par Def Jam, le label qui l'avait abandonné. Comme un goût de revanche... Frank it's all working out kid. You made it.